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Zéro gaspillage chez soi: retour du gros bon sens

par Catherine Migneault
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zéro gaspillage repas assiette

Commencer une trajectoire vers le zéro gaspillage, ce n’est pas de terminer son assiette à tout prix. On a tendance à penser que c’est le premier geste à poser pour diminuer notre production de déchets.

Il y a pourtant plus de solutions à ce problème que l’on pense. Au bout de cette réflexion que je vous propose, je vous partage une de mes recettes anti-gaspi (tout en bas de cet article).


Bien sûr, l’industrie agroalimentaire a un important rôle à jouer puisque, malgré les efforts individuels qu’on peut y mettre, elle demeure responsable de la majorité des déchets alimentaires au Canada. 

On évalue à 11,2 millions de tonnes la quantité de résidus évitables, soit d’aliments qui auraient dû être mangés ou donnés (ex. : à des banques alimentaires) plutôt que jetés. Cela représente suffisamment de nourriture pour sustenter toutes les personnes habitant au Canada pendant près de 5 mois.  — RECYC-QUÉBEC

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L’entreprenariat zéro gaspillage: vert et durable 

Des entreprises comme Loop ont compris que le modèle d’une économie circulaire fait partit des gestes à poser à grande échelle. En laissant une chance aux fruits et légumes rejetés par les normes des distributeurs et des épiceries, sa mission de revalorisation des ‘’déchets’’ nous permet de profiter de délicieux breuvages frais (et depuis récemment, du gin !) distribués partout au Québec. 

jus zéro gaspillage

Une autre initiative qui se démarque en zéro gaspillage est La Transformerie, une organisation sans but lucratif à haute teneur en nutriments ! Armée de ses bénévoles, on cuisine (et distribue) chaque semaine les fruits invendus des épiceries partenaires pour en faire une gamme de tartinades nommée Les Rescapés. Ces militants de la lutte à la surabondance, après plusieurs mois de mobilisation et de sensibilisation, concrétisent un rêve : il y aura une consultation publique sur le gaspillage alimentaire à Montréal. Une belle victoire à venir!

À la tête de ces projets, des femmes et des hommes qui prennent en main une problématique réelle afin de créer des solutions bienveillantes. J’y entrevois une nouvelle vision environnementale de l’entrepreneuriat.

Est-ce que cette initiative peut s’appliquer du point de vue personnel ? Bien sûr que oui.

Un retour au gros bon sens

Quand on y réfléchit bien, réduire le gaspillage alimentaire à la maison compte bien des avantages. Sans culpabilité, on réapprivoise une cuisine saine, pleine de gros bon sens, créative et économique comme l’auraient peut-être fait nos arrière-grands-mères.

Faire plus avec moins, un tour de magie facile à exécuter lorsqu’on met en œuvre quelques petites astuces. 

Un ménage moyen jette 140 kg de nourriture chaque année, soit une perte annuelle de 1100 $. — RECYC-QUÉBEC

achats zéro gaspillage

Zéro gaspillage chez soi

Comment faire pour limiter ce gaspillage… et ne pas passer des heures en cuisine ? Je vous rassure, la lutte au gaspillage alimentaire ce n’est pas une parade de fermentations, de confitures et de tablettes pleines de pots Mason.

Ce qu’on recherche, à la base, c’est de diminuer nos achats et de revisiter nos habitudes afin de profiter à 100 % du potentiel d’une denrée saine à la consommation. Il apparaît important de mettre en lumière notre surconsommation, sans pour autant devenir obsessif et économe de la pelure de carotte ! Cela constitue un premier pas vers notre capacité à reconnaître nos vrais besoins en terme alimentation. Aucune surcharge mentale à venir.

Éviter un «Marie Kondo» du frigo!

Je vous offre donc quelques astuces qui vous permettront d’intégrer de nouveaux principes zéro déchet. Et lorsqu’on n’a plus le choix, on aura bien sûr de vieux légumes à cuisiner.

Commençons par mieux comprendre la conservation de nos aliments pour ne pas devoir en arriver là : un «Marie Kondo»du frigo et du garde-manger!

Chaque produit à une place et une façon d’être préservé afin qu’il ne soit pas jeté à la poubelle avant son heure. On se procure alors ce qui est nécessaire… en laissant beaucoup de place pour se faire plaisir !

Nous mettrons ensuite en pratique notre créativité avec une recette bien simple qui s’accommodera à votre style de vie.

Savoir conserver nos aliments

zéro gaspillage frigo aliments

Qu’est-ce qui va où ?

  • Dans la porte du frigo (10 degrés) : Condiments, sauces du marché, liquides. On conseille de mettre aussi le tamari, le vinaigre, les beurres de noix et les huiles de noix, sensibles à l’oxydation si vous ne les utilisez pas souvent.
  • À l’opposé du congélateur (5 à 8 degrés) : Les fruits et les légumes, dans les bacs prévus à cet effet. Ajustez l’humidité selon vos provisions.
  • Au centre ou vis-à-vis la ventilation (entre 0 et 4 degrés) : Les restes cuisinés avec la date inscrite. Un rappel efficace de les cuisiner dans les 3 à 7 jours suivants.
  • Près du congélateur (près de 0 degré) : Surtout ne pas mettre de produits fragiles comme de la laitue, des pousses fraîches ou un paquet d’épinards.

Les fruits climactériques et les autres

Saviez-vous qu’il existe deux catégories de fruits ? Eh oui !

On peut distinguer les fruits climactériques et les non climactériques. Les fruits dits climactériques sont ceux qui mûrissent encore après la récolte.

  • Fruits climactériques: les pommes, les poires, les pêches, les mangues, les bananes, les prunes, les kiwis, les avocats et les tomates. Tandis que les fruits non climactériques ne se bonifient plus avec la cueillette. 

Afin de garantir une conservation idéale, il nous faut les diviser dans deux endroits indépendants. De cette façon, l’éthylène — un gaz et hormone végétale — dégagé par les fruits climatériques ne détériorera pas les fruits non climactériques. On les sépare donc les bacs du frigo et les différents bols de fruits sur le comptoir, selon le type de fruit. Pour les garder plus longtemps ? Pas de problème !

Conservation des aliments: les connaissances perdues 

Les méthodes de conservation à l’ancienne sont parfois la meilleure alternative pour éviter le gaspillage.

Aujourd’hui, il est malgré tout très rare qu’on ait à entreposer de la nourriture sur une longue période de temps. Les hivers québécois sont encore interminables (!), mais l’accessibilité aux aliments frais est plus que facile. Le frigo est de mise dans la plupart des cas. Vous trouverez tout de même intéressant de connaître une manière fonctionnelle de vivre sans frigo ! 

C’est grâce à Marie Cochard et son livre Notre aventure sans frigo… ou presque, que j’essaie maintenant de voir la conservation des aliments d’un autre œil. Par exemple, la plupart des légumes fraîchement cueillis en été peuvent tolérer de poireauter sur le comptoir et garder toute leur fraîcheur.

Concombre fatigué s’en va flétri ? Un trempage dans l’eau et il retrouvera toute sa vigueur.

légumes zéro gaspillage

Je vous offre ici quelques trucs tous droits sortis des aventures de Marie Cochard et son retour romantique à la conservation d’antan. 

  • Ail et gingembre : Pot en terre cuite ou en bois, avec des petits trous.
  • Oignons : Dans un bas filet, séparés par des nœuds ou des épingles, à l’abri de la lumière.
  • Pommes : À l’air ambiant (entre 10 et 20 degrés), avec le pédoncule, séparés par des bouchons de liège.
  • Pommes de terre, patates douces, topinambour et panais : Endroit sec, obscur, sans ventilation, entre 8 et 10 degrés. Dans un panier avec de la paille.
  • Radis : Les feuilles dans l’eau.
  • Champignons : En faire des guirlandes.
  • Poireau, laitue, chou, chou-fleur, bette à carde, fenouil, carotte, oignons d’été, brocoli et fines herbes : Les pieds dans l’eau (laisser 2 cm de racines), renouveler l’eau régulièrement.
  • Carottes, topinambours, asperges, céleri-rave, betteraves, citrons et panais : Bac à sable humide.
  • Courges : Garder le pédoncule, bien les laver, faire sécher et conserver dans un endroit sec, aéré et frais sur de la paille ou du sable.

Devenir «instinctivore» du frigo ! 

Fiez-vous à votre instinct. Les dates de péremption sur vos produits achetés, ou le moment auquel vous avez cuisiné le ragoût de la semaine passée, c’est seulement pour vous donner une idée.

À partir de cette information, tous vos sens sont à votre service pour vérifier si un aliment est toujours bon. Bon au goût, mais peut-être que les valeurs nutritionnelles sont alors moindres. Toutefois, c’est encore de la nourriture saine et sécuritaire à consommer. 

cuisiner zéro gaspillage

Inspection par les sens

Est-ce que ça sent bon ? Est-ce que la couleur a changé ? Est-ce qu’il y a des signes de moisissures ? Est-ce que c’est brûlé par le froid ?

Et si malgré toutes ces précautions vous goûtez à votre préparation et que ça vous semble étrange, n’hésitez pas à confier le tout à votre bac de compost. Vous aurez tout essayé ! Gardez en tête que vos repas cuisinés se garderont de 3 à 7 jours (parfois plus), selon le degré d’acidité, d’eau et de sucre qu’ils contiennent.

Bactéries vs. frigo

Pour s’assurer d’une conservation optimale au frigo:

  • Laissez vos plats cuisinés refroidir au moins 30 minutes avant de les ranger au frigo
  • Avant tout, séparez les restes en petites portions pour optimiser le temps de refroidissement et ne pas surchauffer votre frigo
  • Une fois rangés au frigo, s’ils sont encore chauds, laissez à découvert quelque temps avant de les recouvrir. Cela prévient la formation des gouttes d’eau qui contiennent des bactéries pouvant nuire à la conservation du produit.
  • Un autre truc pour éviter la formation de micro-organismes indésirables : faites refroidir votre plat au congélateur et à découvert, pendant environ 30 minutes.
  • Pour ce qui est de la congélation: il est idéal de faire refroidir complètement avant d’entreposer votre plat cuisiné au congélateur, dans lequel vous pourrez y garder vos provisions jusqu’à 3 mois.
  • N’oubliez pas d’inscrire sur votre contenant la date de congélation et le contenu!
  • Assurez-vous de faire décongeler votre portion au frigo (ou dans l’eau froide, changée très souvent) pour éviter la croissance de bactéries.

Un petit plan, étape par étape 

Après tout ça, la question de temps est bien sûr de mise.

Vous souvenez-vous de l’arrivée du bac de recyclage dans les maisons du Québec ? C’est un peu la même chose. Mieux on fera le tri de nos aliments, moins nous aurons de déchets de nourriture saine. De petits changements en amènent des plus grands, étape par étape.

conservation aliments

Avec la méthode des défis à relever, il est possible d’accumuler de plus en plus de nouveauté dans notre vie.  Par exemple :

  • Défi no.1 : Faire le ménage du frigo et remettre le tout en ordre selon les différents produits et leur méthode de conservation optimale.
  • Défi no.2 : Déballer l’épicerie et ranger consciencieusement les aliments dans leur nouvel emplacement. Répéter jusqu’à ce que ça devienne une habitude !
  • Défi no.3 : Mettre en pots avec de l’eau les verdures avec leur racine. Un jardin au frigo.
  • Défi no.4 : Cuisiner sans gaspillage. Dépoussiérer les tablettes des armoires et cuisiner les oubliés. Une semaine sans achat de produits secs ? Je suis certaine que c’est possible. Pas besoin de sortir pour s’offrir un festin ! Votre garde-manger garde aussi bien des secrets…

 

Zéro gaspillage: et après, on cuisine ! 

cuisiner zéro gaspillage

Vous en savez maintenant beaucoup plus qu’il n’en faut pour aller de l’avant, sans tracas. On n’a pas besoin de se casser la tête pour réduire notre gaspillage ! Vous savez, mon expertise se trouve surtout au niveau de la cuisine. Alors de mon côté, un geste anti-gaspillage que j’applique au quotidien c’est de mettre en action ma créativité avec comme médium artistique… les traîneries du frigo. J’adore ça ! C’est mon défi personnel. 

Je lance un livre numérique: Mon garde-manger végétal 

Pour cette raison, je vous concocte un livre numérique qui met de l’avant des recettes qui se cuisinent seulement avec les essentiels du garde-manger.

feuillesMon garde-manger végétal et son défi zéro gaspi

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À votre tour!

Vous avez vous aussi des trucs et astuces pour une meilleure conservation des aliments et le zéro gaspillage ?

N’hésitez pas à nous partager vos expériences liées à la conservation, en commentaires. La lutte au gaspillage alimentaire, que ce soit pour économiser ou poser un geste pour l’environnement, c’est un mouvement collectif !

 


Ma recette zéro gaspillage: 

 

TARTINADE DE LÉGUMES MOCHES

ET LENTILLES CORAIL AUX ÉPICES MAROCAINES

zéro gaspillage repas

 

La tartinade de légumes moches et lentilles corail aux épices marocaines

INGRÉDIENTS

  • ¾ de tasse de lentilles orange
  • 1 à 2 tasse de vieux légumes moches (Ex : carotte, betterave, kale, un reste de légumes rôtis…)
  • 3 c. à soupe d’huile d’olive (divisées)
  • 1/2 oignon
  • 1 gousse d’ail
  • 2 c. à soupe de jus de citron
  • 1/4 de tasse d’eau (ou plus pour obtenir la texture désirée)
  • 1 c. à soupe de beurre de noix ou de graines (amande, tournesol, tahini…)
  • 1 c. à thé de coriandre moulue
  • 1/2 c. à thé de paprika
  • 1/2 c. à thé de cumin moulu
  • ½ c. à thé de curcuma
  • ¼ de c. à thé de cannelle
  • 1 c. à thé de sel
  • Poivre au goût

PRÉPARATION

  1. Faire revenir dans 1 c. à soupe d’huile, les légumes coupés en petits dés et l’oignon émincé, environ 10 minutes.
  2. Ajouter les lentilles et recouvrir de 3 fois le volume en eau.
  3. Monter à ébullition et laisser ensuite mijoter doucement environ 10-15 minutes ou jusqu’à ce que les lentilles soient cuites.
  4. Mettre tous les ingrédients dans un mélangeur et réduire le tout en une tartinade délicieuse.
  5. Ajuster les épices, le sel et le poivre au goût.
  6. Servir avec vos craquelins préférés ou des crudités sauvées par vos méthodes de conservation renouvelées !

assiette zéro gaspillage

*Pour la photo de cette recette zéro gaspillage: les légumes utilisés étaient un morceau de vieux fenouil, une carotte en fin de vie et un petit reste de chou-fleur taillé pour en garder les parties comestibles, le tout rôti au four.

Catherine Migneault
Autrice et cuisinière du monde végétal
Tournesols et Tabliers  Prêt-à-manger santé et ateliers de cuisine végétale
LIVRES À CONSULTER

  • Anne-Marie Desbiens (La foodie scientifique), Les fruits climactériques, Éditions La Presse, 2019.
  • Daniel Vézina, La cuisine réfléchie, Éditions La Presse, 2015.
  • Florence-Léa Siry, 1, 2, 3 vies – Recettes Zéro Gaspi, Glénat, 2018.
  • Florence-Léa Siry, La consommation dont vous êtes le Z’héros, Les Éditions de L’Homme, 2018.
  • Les amiEs de la Terre Québec, Mobiliser la population québécoise pour réduire le gaspillage alimentaire : un enjeu de développement durable, Mémoire, 2015.
  • Marie Cochard, Les épluchures, tout ce que vous pouvez en faire, Eyrolles, 2016
  • Marie Cochard, Notre aventure sans frigo… ou presque, Les Éditions de l’Homme, 2017.
  • Tristram Stuart, Global gâchis : révélations sur le scandale mondial du gaspillage alimentaire, Rue de l’Échiquier, 2013.

SOURCES ET RÉFÉRENCES POUR EN SAVOIR PLUS


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